:: Jour 11
- Télécharger l'étape au format .gpx (GPS)
- Télécharger l'étape au format .plt (OziExplorer)
Nous reprenons la route, après le eptit déjeûner habituel, sous un ciel gris, qui devient rapidement pluvieux. Le mauvais temps s'intensifie à mesure que nous roulons vers l'est et que nous découvrons les premières avancées du glacier Vatnajökull. Alors que nous traversons les étendues marécageuses de Mýrar, entre les cours des rivières Djúpá, Hólmsá et Kolgríma, c'est à peine si les langues glaciaires sont visibles au nord de la route circulaire, tant la grisaille est épaisse. Nous n'apercevons que des sternes, ici et là, parfois sur la route.
Avec une superficie de 8400 km², soit le douzième de la superficie de l'île, le Vatnajökull est le plus grand glacier d'Europe. Il est plus étendu que l'ensemble de tous les autres glaciers européens réunis. L'épaisseur de la calotte glaciaire est de 800m en moyenne, mais peut atteindre jusqu'à 1000m. Le Vatnajökull a aussi la particularité d'être un point de rencontre entre la glace et le feu. L'immense glacier est en fait proche de deux volcans, et son se situe au dessus d'une montée de magma. C'est ce qui explique que sa température interne est plutôt élevé, proche du point de fusion. Seules les couches supérficielles restent toujorus froides, contrairement à ce qui s'observe dans le cas des glaciers des ôles, toujours gelés jusqu'en profondeur. Cette activité volcanique peut se traduire par des percées de cendre et de vapeur à travers la calotte glaciaire. Les conséquences peuvent être simplement spéctaculaire pour les spectateurs, ou carrément dévastatrices comme ce fut le cas en 1996 : la fonte du glacier a entrainé de fortes coulées d'eau et de boue, coupant la route 1.
Eva, mal réveillée, croit voir des rennes un peu partout quand il ne s'agit que de moutons, et de la glace au bord de la route à la palce des cours d'eau. Il faut reconnaître que le mauvais temps n'aide pas à distinguer ce qui nous entoure. Pourtant, quelques dizaines de kilomètres plus loin, ce sont bien de gros blocs de glace qui dérivent sur un cours d'eau et se jettent à la mer. C'est tout simplement que nous sommes déjà arrivés au Jökulsárlón, le fameux lac glaciaire. Celui ci est alimenté par le glacier Breiðamerkurjökull, une extension du Vatnajökull, dont la fonte et le recul a donné naissance au lac, profond de 200m. Seulement 900m sépare le Jökulsárlón de la mer, avec laquelle il communique par un courant d'eau chariant les petits iceberg. La vision de ces gros blocs de glaces échoués sur la plage est vraiment étonnante, et le fait que la route passe si près du glacier et du lac contribue à la surprise suscitée par cette découverte soudaine.
La pluie tombe toujours, mais face à ce spectacle, on ne peut résister à l'envie de faire quelques pas sur la plage pour approcher de plus près les blocs de glace, dont la couleur bleutée contraste vivement avec le sable noir.
Quelques voitures stationnent, aux côtés de notre Jimmy, mais peu de gens se risquent à sortir, et ils ont bien raison : en à peine 1/4 d'heure, je suis trempé jusqu'aux os, malgré l'espèce de grande "cape elfique" censée être imperméable qui me couvre des pieds à la tête.
Le vrai spectacle se trouve de l'autre côté de la route, au bord du lac. On dit souvent en Islande que si le temps ne nous convient pas, il suffit d'attendre
quelques minutes. Il est vrai que cela s'est souvent vérifié depuis le début de notre voyage, mais cette fois-ci, vingt bonnes minutes d'attente au café Jökulsárlón n'y changent rien, et il pleut toujours autant. C'est néanmoins l'occasion de se sécher et de se réchauffer autour de bons gateaux et d'un chocolat chaud aromatisé au rhum.
Finalement, plutôt que de partir sans aucune photo, nous bravons une nouvelle fois la pluie et faisons quelques pas au bord du lac. Le temps est tellement gris que l'on ne distingue même pas les avancées du glacier, à 300 m de l'endroit où nous nous tenons. Malgré tout, ça vaut le coup de se mouiller un peu, et de faire prendre une petite douche à l'appareil photo. Dans cette atmosphère bleutée, il ne manquerait plus que quelques manchots pour se croire en antarctique. Et pourtant, nous sommes à deux pas de la route, en bord de mer, au sud de l'Islande.... dépaysant.
Force est de constater que la pluie ne décourage pas les quelques photographes installés près de l'eau, qui sont bien équipés et ne semblent pas être des amateurs en la matière. Le trépied est de mise pour tout le monde, et les séances photo s'éternisent à l'abris des parapluies. Je fais comme les autres (mais sans parapluie), avec le trépied donc, mais j'avoue que cela me dépasse un peu. Je préfère prendre deux ou trois photos d'un même sujet, guère plus, surtout par ce temps là : avec la pluie, le temps de s'embarquer dans des réglages fait prendre de sérieux risques à l'appareil, ce que je préfère éviter, car le voyage nous réserve encore de beaux paysages.
Nous quittons donc le lac glaciaire de Jökulsárlón, l'un des sites les plus touristiques d'Islande, à juste titre , un peu déçus par le temps, et continuons notre route vers l'ouest, toujours sur la route circulaire. A 10 km du Jökulsárlón se trouve un autre lac glaciaire, nommé Fjallsárlón, moins réputé que son voisin. Mais étant donné le déluge qui ne faiblit pas, nous ne nous y arrêtons pas.
La route 1 contourne par le sud le sommet
de Hvannadalshnjúkur, point culminant de l'Islande (2119m) couvert par le glacier Öræfajökull, et nous conduit au Parc National de Skaftafell, au bord du delta de la rivière Skeiðará. Le parc, d'une superficie de 1600 km², comprend plusieurs glaciers, qui sont tous des extensions du grand Vatnajökull: entre autres, le Svínafellsjökull, le Skaftafellsjökull près duquel se situe le centre d'informations du parc, le Morsárjökull... En pratique, c'est assez compliqué car chacune des langues glaciaires du Vatnajökull semble porter un nom bien précis, le terme jökull signifiant aussi bien glacier que langue glaciaire. On peut ainsi citer les avancées de Virkisjökull, Kotárjökull, Stígárjökull, Hólárjökull, Kvíárjökull, Hrútárjökull et Fjallsjökull qui s'étendent d'ouest en est depuis l'Öræfajökull. A l'ouest de la vallée boisée de Morsárdalur, on trouve également des avancées de glace portant les noms de Skeiðarárjökull et Súlujökull... Bref, énumérer tous les "petits jökull" que l'on trouve tout autour du grand Vatnajökull peut prendre du temps.
Puisqu'il pleut toujours, nous n'avons d'autre choix que de nous abriter sous le toit du centre d'informations, qui propose divers photographie et expositions sur le thème du parc de Skaftafell et du glacier. Finalement, après 40 longues minutes à tourner en rond, une petite éclaircie fait son apparition et la pluie cesse. Pas de temps à perdre : nous sautons en voiture et roulons jusqu'au parking situé peu après la ferme de Bölti, ceci avec l'objectif de gagner du temps. Pour se rendre à la cascade Svartifoss, on peut bien évidemment partir à pieds du centre d'informations. Depuis le parking près de Bölti, la marche est beaucoup moins longue, ce qui est préférable avec ce temps instable. Le sentier suit le lit de la rivière, qui donne naissance à plusieurs cascades : Þjófafoss la plus proche de la plaine, puis Hundafoss (la "cascade des chiens") en amont et Magnúsarfoss un peu plus haut. Très rapidement, nous arrivons en vue de Svartifoss, la plus impressionantes des chutes de la balade. C'est au cours des dernières dizaines de mètres avant la cascade que j'ai la surpise de voir un petit oiseau se poser juste devant moi, sur le chemin, me barrant littéralement la route. Il s'agit d'une grive mauvis (Turdus iliacus), qui comme d'autres animaux que nous avons croisés auparavant, ne paraît pas craintive, mais véritablement curieuse. Tandis que j'essaye de le prendre en photo en évitant les gestes brusques pour ne pas l'effrayer, l'oiseau se joue de moi, me tourne autour, m'observe en basculant sa tête de droite à gauche avec curiosité, et vient carrément se poser sur ma chaussure et sur l'objectif de l'appareil! Dans ces conditions, je n'arrive même pas à mettre au point tant la grive est proche :) L'oiseau ne semble pas avoir envie de nous quitter, mais nous mettons quand même, à regret, un terme à cette étonnante rencontre.
La chute de Svartifoss doit sa particularité au fait qu'elle se jette du haut d'un magnifique front d'orgues basaltique creusé en arc de cercle. Une fois de plus, le site permet d'admirer l'incroyable régularité des colonnes de lave, dont certaines se courbent et témoignent de la manière dont la lave bougeait lorsqu'elle s'est solidifiée. Le site est désert au moment où nous nous y rendons, mais il y a fort à parier que la fréquentation en été est autrement plus importante, puisque le parc de Skaftafell constitue, avec ces nombreux sentiers, un endroit idéal pour la randonnée et les balades. En retournant en arrière vers le parking, nous croisons à nouveau la même grive, toujours aussi curieuse.
Puisque le temps s'est un peu amélioré et qu'i semble en être de même à l'est, nous choisissons de retourner sur nos pas jusqu'au Jökulsárlón, mais faisons au préalable un petit tour du côté Svínafellsjökull, accessible par 5 km de piste à partir du centre d'information de Skaftafell. Le sentier qui s'élève en longeant la langue glaciaire permet d'en avoir une magnifique vue en surplomb. La glace revêt la même couleur bleu turquoise que les blocs chariés sur les eaux du Jökulsárlón, qui s'intensifie de manière vive au creux des crevasses. Les excursions sur le glacier sont possibles, comme le témoigne la présence d'un petit groupe de randonneurs, mais il vaut mieux s'adreeser à un guide que de s'aventurer seul au milieu des dangereuses crevasses.
Sans perdre plus de temps, nous reprenons donc la route 1 en direction de l'ouest. Même si la grisaille persiste, la prise de photos est néanmoins facilitée par l'arrêt de la pluie. Mais cette accalmie est de bien courte durée : quelques photos plus tard, des gouttes se font à nouveau sentir. C'est quand même mieux que rien. Nous quittons le Jökulsárlón pour de bon, faisons une courte pause au bord du Fjallsárlón et continuons vers l'ouest.
Cette fois, les langues glaciaires sont un peu plus visibles depuis la route. A l'ouest de Skaftafell, au pied des langues glaciaires de Skeiðarárjökull et Súlujökull, la route 1 traverse une large étendue de sable noir nommée Skeiðarársandur. Plusieurs pont permettent de franchir cet espace parcouru par les nombreux chenaux de la rivière Skeiðará et du fleuve Gígjukvísl. Des restes des anciennes infrastructures détruites en novembre 1996 sont encore visibles en bordure de route. L'activité du volcan sous-glaciaire Grímsvötn (environ 50 km au nord de la route 1) avait entrainé cette année là, en soulevant littéralement le glacier, la fonte d'énorme quantité d'eau, déplacée vers le sud du Vatnajökull. La rivière Skeiðará a ainsi vu son débit multiplié par cent en 2 h seulement. Ce genre de crue glaciaire, que l'on qualifie de jökulhlaup, se mèle à de la boue pour former des coulées particulièrement dévastatrice. La route circulaire fût totalement coupées sur 10 km, et les ponts et lignes électriques emportés par la puissance de la crue.
5 Km à l'ouest du delta du fleuve Gígjukvísl se trouve le petit hameau de Núpsstaður, qui constituait jusqu'en 1974 le terminus de la route 1. Il s'y dresse une toute petite église de bois et au toit de tourbe, bâtie au XVIIe siècle, de vieilles fermes alignées construites selon le modèle classique de l'époque (petits bâtiments presque sans fenêtres reliés par un couloir), ainsi que quelques arbres. Les anciennes bâtisses se blotissent aux pieds des pentes noires d'un haut plateau du haut duquel se jette une chute d'eau.
Après la plaine noir du sandur, c'est un champ de lave couvert de mousse que traverse la route (Brunahraun et Eldhraun). Plus loin, plusieurs cascades dévalent des montagnes, dont la chute de Fagrifoss, au dessus de la ferme de Foss. Par endroit, les reliefs noirs qui surplombent la route sont sculptés d'étrange manière, assez arrondie.
Nous parvenons enfin à Kirkjubæjarklaustur, petit village de 150 à 300 habitants selon les sources, dernière étape de notre onzième journée de voyage. La nuit commence à tomber, mais nous nous rendons tout de même à la petite cascade nommée Stjornarfoss, située à 1km au nord-est du centre du village en suivant la route de Geirland, près du camping Kleifar-Mörk. La chute n'est pas haute, mais elle rayonne d'une jolie manière. A l'ouest du village se trouve une autre cascade, plus connue, du nom de Systrafoss, ou "cascade des soeurs". La cascade, très haute, se sépare en deux, puis le cours d'eau passe sous un énorme rocher penché. Bien que la chute soit partiellement éclairée la nuit, il commence à faire trop sombre pour en prendre des photos, et nous y reviendrons donc demain.
Le Systrakaffi, situé rue Kirkjubæjarklaustur, propose des menus pas trop chers à base de pizzas ou de hamburger. Les plats sont bons et le cadre agréable... et calme, vu le peu de monde qui y mange ce soir. Le café diffuse notamment sur un grand écran LCD quelques photos prises par le patron des lieux, avec de très belles images.
Pour finir, nous nous rendons à l'hôtel Laki, à 5 km au sud-est du village. Le gîte, en cours de rénovation et d'agrandissement, est bien différent de tous els endroits où nous avons dormi pour l'instant. Très grand, il présente une décoration assez classe, design et sobre, avec beaucoup d'espaces vides (et des étagères vides aussi), du bois, de larges baies vitrées.
Dans la salle qui jouxte l'accueil, on peut acheter des souvenirs, des livres ou des objets de la vie quotidienne tout simplement, mais tout est présenté en vitrine comme dans un musée. Les mêmes remarques valent aussi bien pour les chambres, où un grand écran LCD esta ccroché au mur, que pour la salle à manger et les autres locaux. Sympathique!
Par contre, d'après ce que l'on peut voir dans tous els gîtes quelque soit leur style : il ne semble y avoir en Islande qu'un seul magasin de meubles et de décoration: Ikea :)
JOUR SUIVANT